23.3.08

Du Retable à la Machine : premières intentions

De retour à Paris, les idées de mad meg se mettent en place.

La Machine se met en route :



Le Retable fermé :
En bas sur l'autel à la place de la déploration du Christ, un tas de mouches agglutinées.


A la place de Saint Sébastien, un patriarche mâle
Body buildé. Il porte un costard, notre
businesspatriarche à tête de frelon tient
son portable à la main et a une oreillette.












A la place de Saint Antoine, un patriarche femelle à tête de frelon elle aussi. Habillée d'un tailleur chic ; elle se maquille. Elle est mince, élancée et siliconée ; elle représente les canons de la beauté de notre monde à la putréfaction en papier glacé.










Grünewald peint un Christ en souffrance, alors que souvent les Christs peints ont l'air paisible.
mad meg souhaite s'attacher à l'idée du "dolorisme".

Au centre à la place de la
crucifixion, un prisonnier d'Abu Grahib torturé,
à la place de Jean Baptiste un soldat mutilé limite zombi,
à la place de l'agneau qui saigne, un poulet rôti.
Pour le groupe des pleureurs, peut-être une anorexique ou une sidéenne avec deux
autres personnages "sacrifiés" par le capitalisme.




La première ouverture :


A la place de l'annonciation, on verra une Barbie installée sur un siège de gyneco pour se faire inséminer par un docteur contre de l'argent.
On y verra en arrière plan le labo avec des écrans affichant des caryotypes. Les parties sombres du labo seront envahis de monstres dans des bocaux ou livres du XIXe sur les théories racistes de phrénologie...
A la place du concert des anges, le labo avec les anges en guise de savants/chercheurs.
Barbie sort enceinte du labo et se dirige vers la "sainte famille".
A la place de la vierge à l'enfant on verra Barbie avec Ken et leurs jumeaux parfaits qui posent dans un intérieur propre, hi-tech, branché déco etc...
Dans le dernier panneau, Barbie sera vieille ; elle se fera piquer par le médecin dans ce qui ressemble à une maison de retraite.



La deuxième ouverture :


A gauche un décor de supermarché, avec Ken et Barbie faisant leurs courses.
A droite une décharge/bidonville avec des hommes mutants qui y vivent.
Au centre la statue très réaliste d'un homme obèse et gigantesque qui se mange lui même à l'aide d'une paille.
Il tient une télécommande, il est éclairé par une télévision et son t-shirt est plein de taches qui forment une carte du monde. Voici, ci-dessous, le dessin préparatoire :


Autour de lui, d'un coté, une pile de choses à manger, un micro-onde incrusté dans le mur, peut-être même une console de jeu vidéo et autres accessoires de l'autre coté, un tas de déchets qui conduisent vers la décharge.

Le gros homme géant est assi sur un enorme fauteuil en or et en merde, inspiré directement d'un passage des chants de Maldoror où le Comte de Lautréamont décrit Dieu de manière très originale et particulière.

15.3.08

Souvenir du Musée d'Unterlinden en Kdo

Théophile SCHULER (1821-1878),
Le char de la mort, 1851,
détail, huile sur toile.
Colmar, musée Unterlinden.

Pour voir la collection du musée : Les collections de Unterlinden

14.3.08

Souvenir de Colmar en Kdo



Une autre spécialité de l'Alsace :
ses rondpoints.






Je vous en ramène un tout droit de NewYorksheim !!!!


13.3.08

Le Retable de Grünewald



Voila enfin la bête en peinture et en sculpture ! C'est écrasant, monumental ! La tête constamment levée pour pouvoir observer le monstre, le sang y circule moins bien et les images que nous offre le retable sont encore plus perturbantes ainsi. Des monstres tolkienesques, un Jésus en souffrance et en putréfaction, des couleurs vives, une robe rouge sang pour Marie, un vert vérolé habille le corps meurtri et écartelé sur la croix, des monstres/anges à plumes... Cette virée à Colmar devient décidément de plus en plus passionnante.

Le retable d'Issenheim (ou d'Isenheim), consacré à saint Antoine, provient du couvent des Antonins à Issenheim, au sud de Colmar, où il ornait le maître-autel de l’église de la commanderie. Il est est l’œuvre de deux grands maîtres du gothique tardif : le peintre allemand Matthias Grünewald, dont il constitue incontestablement le chef-d'œuvre, pour les panneaux peints (1512-1516) et Nicolas de Haguenau pour la partie sculptée (autour de 1500).

Le retable est constitué d'un ensemble de plusieurs panneaux peints qui s’articulent autour d’une caisse centrale composée de sculptures.

Le retable d'Issenheim est une œuvre de grandes dimensions, 3,30m de haut et 5,90m de large. Il comprend une double série de volets qui s'ouvrent sur la caisse sculptée. Afin d'en faciliter l'observation et d'éviter de trop nombreuses manipulations préjudiciables aux charnières les trois ensembles sont présentés séparément. Leur installation dans la nef de l'église de l'ancien couvent d'Unterlinden restitue partiellement la présentation originelle du retable.

Le retable femé représente la Crucifixion

La crucifixion est encadrée par des représentations de saint Antoine et de saint Sébastien qui rappellent, l'un que le retable était destiné à un couvent d'Antonins.

La première ouverture du retable est constituée de quatre panneaux qui représentent, de gauche à droite, l'Annonciation, la Nativité et le concert des anges, la Résurrection. L'Annonciation se déroule dans une église gothique du type de celles de la région du Rhin supérieur.

La Nativité occupe les deux panneaux centraux de la première ouverture. C'est une nativité originale, sans étable, sans âne ni bœuf. Assise dans un jardin clos qui rappelle sa virginité, Marie, à la fois monumentale dans sa robe rouge, et tendre, tient l'enfant Jésus dans ses bras. Une émotion intense se dégage de ses gestes et surtout des regards qui plongent l'un dans l'autre.

Le traitement de la Résurrection n'est pas moins original que celui de la nativité. Grünewald délaisse la description naturaliste de la sortie du tombeau au profit de l'expression d'un mouvement puissant. Seule l'extrémité du linceul est encore dans le tombeau ouvert tandis que Christ s'élance en l'air, comme libéré de toute attache terrestre. La lumière jaillissant de ses mains, de ses pieds et du côté, il apparaît dans un halo doré. Par cette situation entre ciel et terre, par cette illumination, Grünewald traduit picturalement le verset de L'Evangile de Matthieu (17.2) : " Et il fut transfiguré devant eux. Et sa face brilla comme le soleil ". Cette représentation associe Résurrection, Ascension et Transfiguration.

La deuxième ouverture du retable comprend un corps central sculpté encadré par deux panneaux peints. Exécutée par Nicolas de Haguenau en 1490, la partie sculptée est une des œuvres majeures du gothique tardif sur le Rhin supérieur.

Pour lire les explications complètes du conservateur du musée d'unterlinden sur tous les panneaux du retable : Christian Heck, ancien conservateur du musée d'Unterlinden

Le Musée d'Unterlinden à Colmar


On vient de prendre notre café chez un torréfacteur qui a pour enseigne "Au bon nègre" à deux pas du Musée. Les choses sérieuses arrivent enfin, on va pouvoir approcher la bête ! On est prêt pour le Musée d'Unterlinden, le retable d'Issemheim s'y trouve. On fait la queue parmi des touristes belges du 3ème ou 4ème âge. On passe une première salle où des statues de saints à moitié défigurés, parce qu'ils leur manquent un bout de leur nez de pierre, sont exposées. Mon œil est attiré par la cour qu'il y a derrière la vitre. Il s'agit d'un cloître. Il se compose de quatre galeries charpentées qui forment un carré presque parfait et s’ouvrent sur un préau. Le cloître jouait un rôle fonctionnel, assurant la communication entre les différents bâtiments et l’église, mais aussi spirituel et liturgique, en tant que lieu de méditation, de prière et de procession. L'endroit est tellement hallucinant que je vois presque les femmes qui ont habité ce couvent, en prière ou marchant discrètement le long des galeries drapées de blanc, se superposer aux touristes qui m'entourent.


Liberté conditionnelle, Dalida et une sacrée bourrasque

Trois mois plus tard, on trouve tous les quatre un créneau de liberté (conditionnelle pour ce qui me concerne) pour se rendre à Colmar et pouvoir ainsi enfin découvrir ce fameux retable dont j'entends parlé depuis le Reflet. Et mad meg, je dois le dire, sait tenir son auditoire en haleine.

Mini-road trip Direction l'Alsace. On prend la voiture vers 15h30. Manu m'offre le siège conducteur ; Sabri et mad meg sont confortablement installées sous un duvet et sont déjà appées par la pertinence de leur débat. Manu, en copilote exemplaire, me dirige avec précision à travers le faisceau nerveux de la ville-monstre. Nous réussissons sans mal à nous en extirper et nous sommes déjà sur l'autoroute. Sinead O'Connor reprend des classiques de Raggae dans l'autoradio. I know !!! Right ?! How weird !


A peine quatre heures et 3 compiles plus tard, nos corps nous rappellent respectivement que nous sommes dépendants de ces cuvettes qu'on aime d'un blanc immaculé et que la peau de nos fesses trouvent toujours trop froides. Nous arrivons donc dans une petite ville dans le trou du cul du monde. Et oui, ce fameux endroit est situé en réalité à quelques centaines de kilomètres de Paris à peine. On prend le premier bar que nous trouvons. Il est situé en face de la Mairie. Notre but : se caféïner la tête et nous délester de nos toxines. Dès que mad meg et Sabri passent la porte de ce petit bouge, nous comprenons notre erreur. L'établissement est propre mais malgré tout glauque au possible. Les pilliers de comptoir de cette affreuse buvette aseptisée semblent sortir tout droit d'un remake à la française d'un film de Lynch. Derrière le comptoir les tubes cathodiques redonnent, l'instant de ce vendredi soir, vie à Dalida. Les habitants de cette ville-chimère ont manifestement trouvé le moyen de cryoniser Dalida et ils la ressortent de temps à autre pour leurs soirées dansantes. Ils ont dû copier la recette dans un bouquin de Ph K Dick.

Mieux vaut reprendre la route tout de suite après avoir payé et fait, chacun son tour cela va sans dire, une petite virée sur le trône de la solitude. La ville-chimère nous laisse partir donc sans mal dans la bonne direction vers Colmar.

La route est glissante, le vent énerve les flocons de neige que le ciel crache furieusement. Je n'y vois rien, j'ai l'impression de rouler vers l'oeil du cyclone sauf que là on est pas à la télé. Une pancarte, une seule est lisible, les autres sont habillées d'un manteau de neige. "TOUL 3 km" dit la pancarte. Nos estomacs crient dans la voiture et moi, Toul ça m'inspire. On s'arrête au Régent qui s'avère être un bar bien plus accueillant que le Lynch bar de freaks qu'on vient de quitter, il y a moins d'une heure.

La première décision importante à prendre de la journée arrive après les steaks-frites que nous sert le patron qui porte une moustache anachronique sous le nez. On se met à la recherche d'un Formule 1 pour passer la nuit dans la ville-outil ou, on fonce à Colmar malgrè la bourrasque ? L'estomac rassasié, la témérité n'est plus réservée aux courageux et on reprend la route direction Colmar. ou plus exactement Eguisheim qui se dit "é-guy-ssayïme" où nous attend notre location pour le weekend.


La bourrasque se fait de plus en plus violente et non pas par imprudence mais plus par ignorance, nous suivons la route pour Colmar par le Col du Bonhomme. Nous atteignons une certaine altitude et la route est inpratiquable. Plus notre bolide prend de l'altitude plus nous ralentissons alors que mon pied droit engourdi continu avec acharnement à aplatir la pédale de droite contre le planché. Il n'y a rien à faire, ça glisse et nous rejoignons les autres voitures sur le bas côté de la route en file indienne. Notre jauge d'essence est dans le rouge et vient s'ajouter à notre virée statique une once d'inquiétude que la bonne humeur générale qui règne dans notre voiture nous permet malgré tout de mettre de côté. J'éteinds le moteur, les lumières et l'autoradio. Il fait sombre dans la voiture et nous parlons à voix basses sans raison apparente mais cela semble renforcer notre collusion. Nous attendons 45 minutes avant de voir arriver le chasse-neige qui nous permet de repartir enfin.



Nous arrivons finalement à Eguissheim vers 1 heure du matin ! Mais y sommes nous vraiment ? ! J'ai l'impression d'être à Disneyland avec des maisons en carton. La fée carabosse vient nous ouvrir une pomme rouge vif à la main. Bizarrement elle a un accent alsacien.




Le Reflet

Un soir dans un café de la rue du Champollion dans le 5ème, après une journée passée sanglée à un siège de bureau à me faire ronger le cerveau et les nerfs par une meute de canidés, nous discutons Sabri, Manu, Margot et moi. En fait moi, je ne discute pas trop, je regarde plutôt les lèvres remuer sur les visages de mes acolytes et je suis les mots qui volent d'une bouche à l'autre. Je cruise en pilotage automatique, toujours à l'allure qui m'a été imposée sur ce siège de bureau toute la journée et j'ai du mal à reprendre possession de mon corps et surtout de mon esprit. L'image des chacals se partageant malgré eux mon prosencéphale, dans cette voracité mesquine qui les caractérise, me hante à plus de 2 heures de distance de mon dernier passage à la pointeuse. Margot parle avec enthousiasme de son prochain travail artistique ; le mot retable revient souvent dans ses descriptions. Qu'est-ce qu'un retable me dis-je alors que j'arrive enfin à commencer à faire surface parmi le monde des esprits-libres. J'aperçois encore, dans le monde parallèle de mon esprit-serf qui lui est toujours coincé dans ma vérité verticale, la gélatine visqueuse qui perle de la gueule des chacals qui ont partagé ma journée. Mais je commence à croire à un possible retour à la vie. "Un retable, Dora, c'est un ornement qui se place à l'arrière d'un autel à l'intérieur d'une église. Il est composé de plusieurs volets peints ou sculptés décrivant la vie de Jesus ou de Saints. Les volets sont ouverts ou fermés pendant tel ou tel culte religieux."

Margot nous annonce donc qu'elle va se pencher sur celui d'Issemheim pour son prochain travail. Je commence à comprendre. Le projet dont je ne conçois pas encore l'ampleur réussit finalement à faire fuir les chacals de mon esprit et je prends conscience de ma présence au Reflet, 5 rue Champollion, Paris 5ème.